153 - VIENS POUPOULE (Mayol)

 

Le samedi soir après l´turbin / L´ouvrier parisien
Dit à sa femme : Comme dessert / J´te paie l´café-concert
On va filer bras-d´ssus bras-d´ssous / Aux Galeries à vingt sous
Mets vite une robe, faut te dépêcher / Pour être bien placé
Car il faut / Mon coco / Entendre tous les cabots

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Quand j´entends des chansons / Ça me rend tout polisson / Ah!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Souviens-toi que c´est comme ça / Que je suis devenu papa.


Un petit tableau bien épatant / Quand arrive le printemps
C´est d´observer le charivari / Des environs de Paris
Dans les guinguettes au bord de l´eau / Au son d´un vieux piano
On voit danser les petits joyeux / Criant à qui mieux mieux
Hé le piano! / Tu joues faux! / Ça n´fait rien mon petit coco.

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Ce soir je t´emmène... où? / A la cabane bambou / Hou!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Et l´on danse plein d´entrain / La "polka des trottins"


Avec sa femme un brave agent / Un soir rentrait gaiement
Quand tout à coup, jugez un peu,  / On entend des coups de feu
C´était messieurs les bons apaches / Pour se donner du panache
Qui s´envoyaient quelques pruneaux / Et jouaient du couteau
Le brave agent / Indulgent / Dit à sa femme tranquillement :

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Pourquoi les déranger / Ça pourrait les fâcher / Ah!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Ne te mets pas en émoi / Ils se tueront bien sans moi

 

Deux vieux époux tout tremblotants / Marient leurs petits-enfants
Après le bal vers les minuit / La bonne vieille dit
A sa petite-fille tombant de sommeil : / Je vais te donner les conseils
Qu´on donne toujours aux jeunes mariés / Mais le grand-père plein de gaieté
Dit doucement : / Bonne maman / Laisse donc ces deux enfants

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Les petits polissons / N´ont pas besoin de leçons / Ah!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Je suis bien certain ma foi / Qu´ils en savent plus que toi


Les jeunes mariés très amoureux / Viennent de rentrer chez eux
Dans leur gentil petit entresol / Ils crient : Enfin seuls!
Madame se met vite à ranger / Sa petite fleur d´oranger
Pendant que Monsieur bien tendrement / Dit amoureusement
Pour tâcher / De s´épancher / Montrant la chambre à coucher :

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Les verrous sont tirés / On pourra se détirer / Ah!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Viens chanter mon coco / La chanson des bécots


Un député tout frais nommé / Invitait sa moitié
A venir entendre un grand discours / Qu´il prononçait le même jour
Mais à peine a-t-il commencé / Qu´on lui crie : C´est assez
Constitution! Dissolution! / Pas d´interpellation!
Ahuri / Abruti / Il prend son chapeau et dit :

Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
Je ne veux pas devenir sourd / Pour vingt-cinq francs par jour / Ah!
Viens poupoule, Viens poupoule, viens!
C´est bien assez ma foi / D´être attrapé par toi.